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Blog de Dominique Simoncini
10 septembre 2021

haaa mon Bebel !!

Ce matin j' entre dans un petit troquet cossu place des invalides. Un petit café parisien au zinc usé et à l'odeur d' excellence et de partage. Je m approche du comptoir et commande un ptit noir tout en regardant la foule massée sur le parvis. Soudain derrière moi, une voix pleine de gouaille "Haaaa les CONS !" Interpellé je me retourne à moitié pour voir si l' impétrant fait le double de ma taille auquel cas ...je me ferais petit. Le dos est large, je replonge dans mon café pour profiter de cet hommage que l'on donne au bonhomme et pas me faire aplanir la joue.
"Haaa les CONS !" Résonne à nouveau !
Je glisse un regard furtif de mon œil de verre, le gars à défaut de jeter la peur sur la ville, apeure le troquet.
Je me retourne et dans une grande respiration et me lance la raie moite et les épaules déjà en toit de chiottes à l'idée du rataplaf qui va sonner le tocsin de mes oreilles.
"Mais enfin monsieur ! On enterre un grand homme ! Il a été Magnifique, très professionnel durant sa carrière l'interpellé-je à bout de souffle devant cet alpagueur.
Il me regarda de son regard noisette et son nez en pied de marmite qui avait certainement connu une vie de flic ou voyou que sais-je
Il me dit "Tu vois bonhomme ceux qui ont organisé ça n'ont certainement jamais connu le doulos qu'ils enterrent en si grandes pompes. Pour lui c est un moment bien pire que les tribulations d'un chinois en chine et même le sermon de Leon Morin, le prêtre de la situation ne fera pas d une scoumoune un itinéraire d' enfant gâté !"
Le type est incroyable, ni agressif, ni malveillant au contraire. Plus l' héritier d'une culture et d'une émotion collective que le morfalous que j' avais imaginé. Il me met sa grosse paluche sur l'épaule et droit dans les yeux me dit : " S' ils l'avaient connu, ils auraient fait autrement, ils auraient applaudi, fait du bruit, ce type c' était l'homme de Rio et sa vie était vibrante comme une samba. Lui, c'était le magnifique, du haut de son affiche il regardera tout cela avec tristesse."
Je regardais ce marginal, à l' air animal, il me rappelait Pierrot, un drôle de type qu'on appelait Pierrot le fou. Mais lui, ne l' était pas. Il s'avança magistral dans le troquet silencieux qui faisait face à la foule, son dos si large l effaçait comme un hold up qui aurait fait disparaître cent milles dollars au soleil, comme un casse de Borsalino avant une cavale d'un weekend à Zuydcoote. Là, le personnage les mains sur les hanches me dit : "Tu vois bonhomme, ils ont rien compris ! Un hommage aux invalides pour un mec dont la vie fut une cascade quelle ironie !"
J'ai souri devant l'homme et son chien et avant de partir j'ai eu envie de lui demander son nom.
Jean Paul mon bonhomme, Jean Paul pour toi tout simplement.
Je suis parti …. Sur un "Bonjour !" Un bonjour comme je n' en avais jamais entendu, quelle ironie apprendre à dire bonjour par une si triste journée.

Unknown

 

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